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Un Ordre, une nouvelle peu connue de Danrit

Dernière mise à jour : 9 avr. 2018


En parallèle de ses romans, publiés en feuilletons pour la plupart, Danrit a écrit plusieurs nouvelles qui lui permettaient de développer de façon plus brève quelques uns de ses thèmes de prédilection. C'est particulièrement le cas de cette courte nouvelle, peu connue: Un Ordre.

Elle parut dans l'Agenda 1913 des Chemins de Fer Paris-Lyon-Méditerrannée, avec de très belles illustrations de Georges Dutriac.




Tandis que son mari, lieutenant-aviateur, est parti en mission, une jeune femme, Hélène de Tilly, et son enfant de quatre ans se retrouvent retranchés, avec quelques survivants, dans un Marabout assailli par des marocains révoltés. Le retour de l'aéroplane, tant attendu par la jeune épouse, plongera le couple dans un dilemme cruel d'où la fidélité à l'ordre reçu sortira vainqueur.


Cette courte nouvelle de cinq pages est un condensé de plusieurs thèmes développés par Danrit dans l'ensemble de son oeuvre.


On y trouve, au coeur du récit, la figure de la femme forte: elle est mère, épouse, se fait volontiers infirmière, mais elle est aussi et surtout femme de soldat habituée à sacrifier son bonheur personnel aux exigences du devoir que dicte l'honneur militaire. Madame de Tilly, personnage central de cette nouvelle, est tout à fait dans la lignée des autres héroïnes de Danrit si bien décrites et analysées par Marie Palewska, dans son article sur les Images de la femme chez le Capitaine Danrit (Le Rocambole, n°77, hiver 2016). Cette nouvelle nous rappelle la figure de Xénia, dans Ordre du Tzar : confronté à un ordre formel, émanant du Tzar, qui lui commande de ne quitter sous aucun prétexte le Dalaï-Lama placé sous la protection de l'Empereur, le jeune officier russe, Karlow, se voit contraint d'abandonner son aimée, Xénia... Pris dans ce dilemme terrible, il se prend à douter, est prêt de manquer à son devoir par amour; et, c'est la jeune femme elle-même, Xénia, qui lui rappelle le sens sacré du devoir et l'encourage à obéir à l'ordre reçu, alors même qu'elle se trouve dans une situation périlleuse et que sa vie est menacée.


Le sujet central de cette nouvelle, c'est le sens de l'honneur qui commande à tout homme, et encore plus s'il est officier, de faire passer son devoir avant toute chose. La mission est sacrée, l'ordre reçu ne peut être discuté quoi qu'il en coûte. C'est souvent dans cette tension produite par les exigences du devoir ou le sens de l'honneur que les récits de Danrit puisent les ressorts de leur intensité dramatique.


La nouvelle met aussi en scène les innovations technologiques, appliquées au monde militaire, si chères à Danrit. C'est le cas ici d'un aéroplane monoplan, équipé d'une hélice horizontale qui, tel un hélicoptère, lui permet d'atterrir à peu près partout. Ce modèle rappelle l'hélicoplane, évoqué dans L'Aviateur du Pacifique et mis en scène dans Au-Dessus du Continent noir. L'aéroplane permet aussi de bombarder les révoltés marocains, en leur jetant des fléchettes dévastatrices et mortifères.


Enfin, dans l'oeuvre de Danrit, l'Histoire n'est jamais loin; et cette nouvelle donne l'occasion à l'ancien chef de corps du 1er Bataillon de Chasseurs à pieds, d'évoquer l'acte héroïque des Chasseurs d'Orléans assiégés par les troupes d'Abd-el-Khader, dans le marabout de Sidi-Brahim. Le geste du jeune télégraphiste, Bourrel, disposant un drapeau tricolore constitué de bouts de vêtements sur le toit du Marabout, rappelle le geste héroïque du caporal Lavayssière qui avait fait de même en hissant un drapeau de fortune au sommet du Marabout de Sidi-Brahim pour signaler aux renforts leur présence.


Cette courte nouvelle, peu connue mais très dense, mérite donc amplement d'être portée à la connaissance de tous ceux qui apprécient et s'intéressent à l'oeuvre du capitaine Danrit.

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