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LA GUERRE DE DEMAIN

Résumé

La Guerre de Demain est constituée de 4 parties. Le thème général de l’ouvrage est la Revanche, qui habite alors tous les esprits, après la défaite de 1870 face à la Prusse. Le but de l’ouvrage est de mettre en valeur les possibilités militaires désormais offertes par les nouvelles inventions technologiques, ainsi que l’importance du facteur moral et de la formation de l’armée de réserve.

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1) La Guerre des Forts (ou La Guerre de Forteresse)

Dans cette 1ère partie, consacrée à « La Guerre de Forteresse ». Danrit raconte à la première personne une invasion allemande et fait preuve, d’emblée de son talent d’anticipation, en décrivant – en 1888 - le passage des troupes allemande à travers la Belgique neutre (ce qu’elles réaliseront effectivement en 1914). Ecrit à l’issue de son passage au Ministère de la Guerre, sous les ordres du Général BOULANGER, le roman présente de manière concrète les avancées attribuées au ministre de la guerre : renforcement des fortifications afin d’abriter les troupes de couverture qui doivent protéger la mobilisation, accélération de la mise en service du fusil Lebel ou des obus à la mélinite et, ce qui est moins connu, financement des recherches sur les ballons. Son passage au ministère lui a en effet permis de nouer des contacts avec tout ce que l’armée possède de plus avancé en matière de recherche. Le livre est aussi l’occasion de comparer les stratégies qui font alors débat dans le monde militaire : offensive, défensive, défensive-offensive avant de conclure que l’important n’est pas là. En effet, qu’elle que soit l’option retenue, il faut d’abord réaliser la mobilisation, d’où l’importance des fortifications, de l’artillerie de forteresse et des troupes de couverture. Ce n’est qu’ensuite que peut intervenir la riposte. Enfin, DRIANT y fait vivre son double littéraire, le jeune lieutenant DANRIT, héros du livre, qui parle à la première personne. 

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2) La Guerre en Rase Campagne

Cette 2ème partie narre la contre-attaque, présentée à partir des notes (fictives) d’un capitaine du 4ème Zouaves, régiment de Tunisie où sert précisément l’auteur. Partant de Bizerte, le régiment de zouaves participe aux batailles principales de la guerre franco-allemande : les envahisseurs sont refoulés hors de France et l’armée allemande est définitivement vaincue devant Potsdam, aux portes de Berlin, juste revanche de 1870.

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3) La Guerre en Ballon

Cette 3ème  partie, écrite juste à la veille de l’essor de l’aviation, présente un aspect nouveau de la guerre par l’utilisation de la "3ème dimension" : la guerre aérienne. On y découvre le dirigeable « Patrie » (qui a réellement existé), surpris par le déclenchement de la guerre lors de son départ pour une expédition au Pôle Nord. Se mettant spontanément au service de la défense de la France, l’engin se transforme en véritable machine de guerre, anticipant toutes les missions de l’aviation future : reconnaissances et photographies aériennes, mitraillages de troupes au sol, bombardements d’objectifs divers. L’ensemble inclut, puisqu’il s’agit d’un roman, la trame romanesque d’un drame amoureux entre la fille de l’inventeur, un bel officier français et un espion allemand, personnages que l’on retrouvera souvent dans les œuvres ultérieures de DANRIT.

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4) Le Journal de guerre du Lieutenant von Piefke

Cette quatrième partie, écrite avec la participation de Pardeillan, offre l’originalité de présenter la guerre vue du côté allemand, avec une description comparative des méthodes de commandement dans les armées française et allemande.

Editions

La Guerre de Demain, 1er ouvrage du Capitaine Danrit a d'abord été édité, à partir de 1888, dans la revue "L'Etoile du Général Boulanger" (n° 1 à 51), dirigée par Michel Morphy. Publiée en feuilleton, de façon anonyme, elle a pour titre "Ce que sera la nouvelle guerre : L'Ennemi devant le Fort de Liouville". Elle sera publiée en parallèle en fascicules indépendants, par Fayard Editeur. Lorsque cesse la parution de la revue "L'Etoile du général Boulanger", les lecteurs sont invités à lire la suite  du feuilleton dans le fascicule n° 46 de La Guerre de Demain. Il est alors annoncé que cette publication comprendra : La Guerre en rase campagne, La Guerre des mines, La Guerre maritime, La Guerre en ballons ; on voit ici que le projet initial de La Guerre de Demain a évolué, et en même temps que c'est dans l'ensemble de l'oeuvre de Danrit que ce projet s'est au final concrétisé (La Guerre maritime et sous-marine, La Guerre souterraine...).

 

La parution chez Fayard des 3 premières parties, en fascicules, s'étendra de 1888 à 1893, à raison de 3 livraisons de 8 pages chacune par semaine (1 le mardi et 2 le vendredi), en vente à 10 centimes chez tous les libraires et marchands de journaux. L'ensemble représente 315 livraisons au format in-8° Jesus, à réunir en séries et volumes : La Guerre des Forts ou Guerre de Forteresse (livraisons 1 à 97, pages 1 à 775), La Guerre en rase campagne (livraisons 98 à 228, pages 776 à 1820), La Guerre en Ballon (livraisons 229 à 315, pages 1821 à 2489). Paraîtra ensuite le 4e tome, Le Journal de guerre du Lieutenant von Piefke.

 

L'ensemble des 4 tomes de La Guerre de Demain sera ensuite édité chez Flammarion, en 1893, en 8 volumes brochés, au format in-16°La Guerre de Forteresse (2 volumes, Lettre-Préface de Jules Clarétie), La Guerre en rase campagne (2 volumes, dédicace au 4e Régiment de Zouaves), La Guerre en Ballons (2 volumes), Le Journal de Guerre du lieutenant von Piefke (2 volumes, en collaboration avec De Pardeillan). Cette édition connut plusieurs rééditions par la suite.

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En 1906, paraît une nouvelle édition revue et corrigée par l'auteur, chez Flammarion, en 24 volumes brochés, au format in-16°, sous le titre unique "La Guerre de Demain"

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A noter l'édition d'un extrait de La Guerre de Demain publié sous le titre La Bataille de Neufchâteau, correspondant aux chapitres XI à XVI de la La Guerre en rase campagne (1 volume broché, au format in-18°, chez Flammarion, Collection Auteurs Célèbres n°289). Réédité par E. Girard & A. Boitte dans une édition in-18° reliée en percaline marron.

 

La Guerre des Forts a été traduite et éditée en japonais, en logigrammes, dans une édition brochée portant la mention en Français "La Guerre de Demain".

Dédicaces

Lettre-Préface de M. Jules Claretie (La Guerre des Forts)

Lettre du Capitaine Danrit à M. Claretie:

"Mon Cher Maître,

De tous côtés on arme, on se prépare à la guerre. En écrivant ce livre sous une forme imagée, j'ai voulu inspirer, aux Français qui me liront, confiance dans l'issue de la lutte.

Dans ce but, je leur montre les ressources de leurs pays, je les familiarise avec les nouveautés qui interviendra,t dans les batailles prochaines : mélinite, fusil Lebel, ballon dirigeable, etc. ; j'ai tout fait entrer en jeu dans ce récit humoristique : le fort de Liouville, je l'ai habité et commandé ; les camarades qui s'y meuvent sont mes anciens amis de régiment ; les soldats que j'y nomme sont ceux de ma première compagnie ; les caractères des uns et des autres, ceux que je leur ai connus. Enfin, j'ai essayé de vivre la vie de l'officier appelé à jouer un rôle dans la "Guerre de Demain".

Ce livre, j'ai tenu à vous le dédier. Il y a quelques années, je lisais de vous un petit chef d'oeuvre intitulé "Le Drapeau". C'est le souvenir touchant que j'en ai gardé qui me guide aujourd'hui vers vous, me donnant une nouvelle occasion de vous assurer de ma vive et respectueuse sympathie.

Capitaine DANRIT - Mardi, 20 novembre 1888"

Lettre de M. Jules Claretie au Capitaine Danrit :

"Mon Cher Capitaine,

Je vous remercierais et vous féliciterais d'avoir songé à écrire le patriotique livre que vous commencez aujourd'hui, si vous ne m'aviez fait l'honneur d'écrire mon nom en tête de ces pages. J'aurais l'air, en vous disant ce que je pense du but que vous proposez, de mêler ma très modeste personnalité à une oeuvre essentiellement militaire et qui doit évidemment être utile à ceux qui, comme vous, aiment et servent leur pays.

Vous avez bien fait de montrer, par avance, aux jeunes hommes de la France nouvelle ce que sera la "Guerre de Demain". Il est bon que chacun sache quels devoirs, quels dangers quelles espérances l'attendent.

Demain! Quelle angoisse il y a dans ces six lettres! Et quels grondements sourds dans cet accouplement de mots : La Guerre et Demain! Demain, c'est le destin! disait Victor Hugo, et nul ne sait à quelle date se lèvera ce jour qui s'appelle Demain! Mais ce qu'il faut bien reconnaître, c'est qu'un matin, quelque printanier matin, l'aurore éclairera encore des troupes en marche, des hommes allant s'entrechoquer, et qu'à la fumée mourante des bivouacs de la nuit succèdera là-bas, sur quelque crète, la fumée du premier coup de canon...

Mes doigts tremblent d'émotion en vous écrivant, mais votre épée ne tremblera pas dans votre main, ni le fusil au bout des bras de nos soldats. Mais vous avez bien fait, encore une fois, d'aguerrir leur pensée par votre livre, comme vous avez aguerri et assoupli leur corps par les exercices quotidiens. C'est de la force morale ajoutée à votre force physique.

Je n'ai point qualité pour vous dire ce que vaut votre oeuvre généreuse au point de vue militaire. J'ai célébré Le Drapeau, comme vous voulez bien vous en souvenir ; mais, vous, vous le servez, ce qui vaut mieux. Nulle condition humaine, dans notre société actuelle, si divisée, si bouleversée, ne me paraît supérieure ni même égale à celle de soldat. verser son encre, c'est donner son labeur ; mais verser et donner son sang, quoi de plus noble et de plus fier? Et, résolus, disciplinés, ne songeant qu'à la patrie, combien sont prêts à offrir leur existence à la patrie!

Laissez-moi croire à la paix, à la paix féconde ; mais, si l'obligation voulait que la France fût appelée à la "Guerre de Demain", soyons certains que les générations nouvelles, moins décadentes que ne le voudraient faire croire quelques exceptions maladives, marcheraient hardiment sous le drapeau, et je sais bien que des livres tels que le vôtre retentiront comme des coups de clairon. Hausse au fusil et hausse au coeur! Il me semble que c'est ce que vous cherchez, attendez, commandez...

Votre livre est un livre de soldat. C'est le plus bel éloge que j'en puis faire et, avec le succès, le grand succès qu'il mérite, je lui souhaite de servir d'enseignement et de réconfort à ces petits troupiers de France qui, étrangers la politique, fidèles au devoir, simplement, doucement, veillent silencieusement sur la frontière, qu'elle soit, cette frontière, une ligne fictive dans un désert de Tunisie ou une borne de pierre dans quelque forêt des Vosges. Et je suis sûr que dans la poche de quelque héros inconnu on trouvera quelque livraison de votre "Guerre de Demain", comme on ramassait des cahiers de chansons sur la poitrine de nos morts de 70. Envolées, les chansons! Maintenant, tout à la science. mais la science ne supprime pas l'héroïsme - et votre livre est là pour le répéter aux nouveaux venus.

Encore merci pour l'honneur que vous me faites, mon cher capitaine, à moi qui, dans l'écroulement de la politique, m'accroche à ces nobles débris, le patriotisme et les lettres, pour le grand et solide espoir que vous mettez au coeur des soldats d'aujourd'hui, résolus au devoir de demain.

Votre tout dévoué, JULES CLARETIE - 27 novembre 1888 "

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Dédicace au 4e régiment de Zouaves (La Guerre en rase campagne)

"Au 4e Régiment de Zouaves

Quand je serai vieux et que je fouillerai dans le lointain de ma jeunesse, c'est à toi, mon Régiment, qu'iront mes plus riants souvenirs, à toi qui pendant huit ans m'abritas.

Avec toi j'aurais voulu partir pour la Grande Guerre, celle que nous attendons tous et qui tarde tant : sous ton drapeau, j'espère encore la voir, s'il y a un Dieu des batailles et s'il m'entend.

Pour tromper l'attente, je l'ai rêvée, cette Guerre sainte où nous vaincrons, et ce livre de mon rêve, c'est à toi que le dédie.

E. DANRIT - Tunis, 1891

 
Dédicace dans l'édition en 24 volumes

"Je dédie cette nouvelle édition populaire de la "Guerre de Demain", le livre de ma jeunesse, aux compagnons d'armes que j'ai dû quitter avant l'heure, et au petit soldat que j'ai toujours aimé. Si mon rêve de jadis venait à se réaliser, je n'aurai plus qu'un désir, reprendre ma place dans le rang. Si l'échéance recule encore, je remplirai cet autre devoir de défendre contre l'ennemi de l'intérieur cette armée à laquelle j(avais espéré consacrer ma vie.

Commandant E. DRIANT - 1906

Illustrations

Dès les premières parutions, l'oeuvre de Danrit a bénéficié de l'attrait de belles illustrations. C'est à Paul Cousturier, qui signera ensuite sous le nom de Paul de Sémant, que l'on doit la plupart des illustrations de La Guerre de Demain, à l'exception de l'édition de 1906 en 24 volumes dont les illustrations furent confiées à Pierre-Edouard Yrondi. Pour certaines livraisons, on voit apparaître, à côté d'illustrations signées Paul Cousturier / De Sémant, des dessins signés Grobet, Rousset, Delatre, Charaire, Bourdon & Kennauer.

Mentions et distinctions

Distinctions :

- Ouvrage couronné par l'Académie Française (Prix Montyon, 1896)

- Ouvrage couronné par la Société d'Encouragement au Bien (Médaille d'honneur, 1895)

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Témoignages de lecteurs: 

- André MAUROIS, de l'Académie Française : Enquête de l'hebdomadaire "Toute l'Edition" sur les livres préférés de votre enfance ; pour André Maurois, ce livre unique fut La Guerre de Forteresse du Capitaine Danrit : "Il y avait là un personnage de vieux commandant stoïque qui m'inspira des sentiments que je retrouvai plus tard adolescent en lisant Servitude et Grandeur militaires."

Dans un de ses romans, "Climats", André Maurois écrivait aussi: "Un petit garçon, enfoncé jusqu'à mi-corps dans un trou qu'il a creusé près du tas de sable, guette, dans l'immense paysage qui l'entoure, l'arrivée d'un invisible ennemi. Ce jeu était inspiré par la lecture de mon livre favori, la "Guerre en Forteresse" de Danrit. J'étais dans mon trou de tirailleur, le soldat Mitour, et je défendais le fort de Liouville, commandé par un vieux colonel pour qui je me serais fait tuer avec joie. Je vous demande pardon de noter ces sentiments puérils, mais c'est là que je trouve la première expression d'un besoin de dévouement passionné qui a été un des facteurs dominants de mon caractère, bien qu'il se soit appliqué, ensuite, à des objets tout différents."  

- Général d'aviation Pierre SIMARD : "J'ai toujours rêvé d'être officier. Je savais tout juste lire que je dévorais les ouvrages de guerre-fiction du Capitaine Danrit. Il y décrivait de manière prophétique, en 1880, le "Guerre de Demain"... C'est mon père, né en 1859, qui avait réuni cette collection d'ouvrages patriotiques annonciatrice de la revanche..." (Mémoires d'un pilote de chasse)

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