Le 12 décembre 1915, le colonel Driant présente sa candidature à l'Académie Française, au fauteuil d'Albert de Mun, dans un courrier rédigé en ces termes :
"Monsieur le secrétaire perpétuel de l'Académie Française
D'indulgents amis m'assurent que la trentaine de volumes écrits depuis 25 ans pour entretenir dans l'âme des jeunes Français le souvenir des provinces perdues et le culte du Drapeau, peuvent me créer un titre à la succession de M. Albert de Mun dont j'étais l'admirateur et l'ami.
Je me rends à leurs raisons sans me dissimuler combien je suis loin de mon modèle et j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien accueillir ma déclaration de candidature.
J'y joins l'hommage de mes sentiments de très haute considération.
Le Lt-colonel Driant"
Cette candidature a eu de nombreux échos dans la Presse où elle fut quasi unanimement saluée, et jusqu'à l'étranger.
La Libre Parole, du 18 décembre 1915 : "Toute la Presse enregistre avec la plus vive sympathie l'annonce de la candidature de notre éminent collaborateur le lieutenant-colonel Driant, député de Nancy, au fauteuil laissé vacant à l'Académie Française par le regretté Albert de Mun. La série des beaux et bons livres du capitaine Driant, d'une si brillante et neuve imagination et d'une inspiration patriotique si vibrante, constitue un bagage littéraire digne de la suprême consécration académique. (...) Soldat dans toute la noble rigueur des devoirs que cette vocation impose, il n'a jamais cessé de l'être, la plume ou l'épée à la main. Ses amis savent avec quelle insistance il a fallu presser sa modestie pour le décider à poser sa candidature académique - et qu'il n'a cédé qu'à un seul argument : l'obligation du soldat de paraître fièrement partout où peut s'accroître le prestige de son état. -"Eh bien! c'est entendu, je suis candidat, nous a dit simplement le lieutenant-colonel Driant, ou plutôt je le serai si les Allemands, contre qui je retourne me battre de mon mieux, m'en laissent le loisir. En attendant, parlons de cela le moins possible. Et songeons seulement à la victoire." Cela est juste."
L'Intransigeant, du 17 décembre 1915 : "Le colonel Driant est l'auteur de romans de vulgarisation scientifique et militaire fort estimés. Il est un de ceux qui, pour les générations montantes, a remplacé les imaginations de Jules Verne par des anticipations sur la guerre et sur la victoire française. On ne peut nier le rôle bienfaisant qu'il a joué dans les formations intellectuelles des petites classes. Sur l'instigation de ses amis, il se présente aujourd'hui à l'Académie et le président de la Chambre, M. Deschanel, a promis d'être son parrain. Il ne sera pas le seul soldat d'ailleurs qui briguera les suffrages des Immortels."
La Liberté, du 18 décembre 1915 : " L'Académie Française a, au cours de la séance d'hier, accueilli une candidature dont le moins qu'on peut dire c'est qu'elle est opportune. M. Driant, le colonel Driant, sollicite la succession d'Albert de Mun. Le colonel Driant a écrit de nombreux livres patriotiques qui ont fait la joie et l'éducation de bon nombre de jeunes Français. Et l'on peut juger par le moral de ceux-ci du bien fait par de tels éducateurs. Ce serait un acte de haute justice de récompenser en ce moment le plus brillant d'entre eux."
Le Daily Mail, du 19 décembre 1915 : "There is a military candidate for one of the vacant seats in the Académie Française. He is Colonel Driant, the author of many books, chiefly intended for the young, in which the duty of national service and of self-sacrifice in the national cause are ably advocated. In some of these works Colonel Driant has tried to forecast what the warfare of the future would be like, and he can certainly claim to have contributed to the education of many of the young soldiers now serving their country."
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